Fauve noir VS Sterne Arctique

Mon esperance



Oui, c'est malgré mon si cruel déséspoir
Que je cherche en ces lieux si maudits
Une trace, un simple bruit dans le noir
Qui s'en va quand vient ce sombre dit.

Je sais que je vous reverrai un jour, un soir
Même si la flamme hurle prisonnière la douleur.
Vous êtes pour moi comme un si dur mirroir
Où se reflètent mes joies malgré mes pleurs.

Seul, j'ère à la lisière du bien et du mal,
Je garde en moi cette chaleur et douleur
Qui me fera garder ces souvenirs si sales.
Oui, vous serez éternels en mon coeur!

C'est comme le vent des mots malades
Qui guide ma plume contre cette frayeur,
Je suis sûr que vous saurez que je m'évade
D'une prison pour quitter les tristes heures...

Sauvetage irrémédiable

Ce matin découvert rescapé du carnage,
Libéré de la cage des doigts crochus du Diable,
Un oisillon affable sous ce sort effroyable !
M’est échu de contrer sa Destinée volage.

Car mon esprit encore résonne de sa harangue,
Lui seul trouvé vivant, parmi ses frères exsangues.
Vainqueur de l’ordalie, lavé d’ignominies,
Qui ne peuvent anoblir une si lente agonie.

Ma tendresse n’osa pas céder place à l’horreur.
Priant avec ardeur pour sa vie non atteinte,
Une larme de rosée et non une plaie qui suinte !
Exaucée fut ma plainte, tremblante, nimbée de sueur,
Je vis sous cette mort feinte et par delà mes larmes,
Se réveiller son âme en un plaisant vacarme.

Il s’endort serein, l’oisillon dans le noir,
Loin du râle sans espoir et des cris de l’orfraie.
Et dans ses rêves secrets ne brille nul couperet,
Comme si l’apaisait l’air doucereux du soir.

Et lorsqu’il sera grand je n’aurai pas le vice,
D’agir en égoïste, saisie par l’affolement,
Et en le libérant, le rendrai à son sang.
L’exposant au néant, renonçant au supplice,
De m’avouer enfin l’avoir sauvé en vain.
Car son vol exalté ne lui sera fatal,
Où les chaînes brutales lui eurent été létales,
Il ne peut ni s’éteindre, ni souffrir de fin.