Encre du Coeur Devenez Ecrivain, Poète, Dramaturge ou encore simple Lecteur dans ce monde de papier et de plume. |
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| Sterne arctique | |
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Sterne arctique
Nombre de messages : 72 Date d'inscription : 19/07/2008
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| Sujet: Sterne arctique Dim 20 Juil - 0:23 | |
| Nom d'Auteur : Sterne arctique suffira ici! ^^ Age : vieille xD Niveau estimé : Bon xD Enfin correct quoi xD Exemple de TexteJe mets celui-là, car j'en suis pas mécontente^^ - Spoiler:
Merveilleux. Ainsi était-il, le Dominant, le plus fort d’entre nous. Fasciné, obnubilé, calciné par la flamme brillant au fond de ses yeux sombres, seul éclat d’obsidienne sur son pelage de neige, rougi de sang, je contemple sans jamais m’en lasser, le spectacle de ses crocs fendant la chair. Sans avoir osé songer à troubler la paix de son repas, mes pattes malgré moi avancent lentement. Presque un trébuchement, un faux-pas. Comme un papillon ne pouvant résister à la chandelle qui brûlerait ses ailes, je m’approche encore. Un pas de trop.
C’est alors qu’il se retourne, babines retroussées, la rage dans ses yeux de perle noire, immobile, inébranlable, campé sur ses quatre pattes plus sûrement qu’un chêne sur ses racines. Pas un grondement, non. Pas un cri, pas un geste. Et sans réfléchir plus avant, je m’écroule devant lui, lui présentant ma gorge nue, offrant ma vie, sûr qu’il ne la prendra pas. Sûr ? Peut-être pas. Mais sans cela que me resterait-il ?
Il me renifle. Un frémissement me parcourt tandis qu’une goutte de sang quitte son museau pour tomber sur mon corps, dernière larme chaude d’une biche foudroyée dans sa course. La meute nous observe, je sens les regards pesants de mes frères. Il me dédaigne et tout est dit. Il reprend son repas et nous les regardons manger. Car depuis, la Dame l’a rejoint. Perle de blanc et d’argent elle aussi, mais ses yeux sont d’or. Son cœur aussi, pour sa meute, pour les louveteaux qui courent en son sillage. Pour Lui aussi peut-être. Mais pour nous et pour les autres, je me garde de trop me fier à son regard étincelant, et d’oublier que les griffes à ses pattes comme aux miennes, jamais ne se rétractent.
Ils mangent lentement, ces seigneurs des bois. Puis se redressent et partent, au cœur de leur domaine.
Nous mangeons avec hâte, comme le veut notre rang. Sans ne rien laisser derrière nous, que la neige écarlate, preuve criante, du festin et du meurtre.
Tandis que je m’éloigne, honteux et tremblant encore de ma folle hardiesse, me frôle la silhouette, d’une compagne d’avant. Jadis confidente de mes jeux, de mes rixes, elle gronde désormais, sitôt que j’essaye de manière trop ouverte de me rapprocher d’elle. Le reproche dans ses yeux me blesse cruellement. Elle ne sait, je le vois, quelle démence m’a prit. Je ne le sais pas plus. Et ne désirant m’attirer davantage ses foudres, je l’évite. Bien qu’il me soit cruel, de renoncer à elle.
Mais il ne nous est pas donné de perpétrer notre sang. Voudrais-je l’oublier, que le rappelle à ma mémoire le spectacle affolant de ces deux fourrures d’argent se mêlant furtivement, tandis que la Dame, de ses griffes, de ses crocs cherche à Lui échapper. Nous regardons impuissants et jaloux. Jaloux, car enfin, la Dame cède, et le laisse réclamer son dû. Jaloux, car depuis bien trop de saisons nos frères prennent les tons de la neige, bannière étincelante de l’hiver. Car fauve est ma robe, de même que celle de ma sœur de cœur, et celle de nombres de mes frères. Et tandis que la meute regarde et songe, son regard allant de nos chefs aux plus jeunes, mes frères et sœurs aux poils noirs ou gris, se mettent à hurler. A hurler à la lune montante, qui, par sa simple couleur, ne peut être que complice de cette espièglerie. D’autres les rejoignent. Cris de frustration, de joie ou de lamentation ? Je ne sais pour mes frères, mais bien vite la fierté l’emporte face à l’envie, et je hurle, pour la meute. Pour que perdurent les miens. Et qu’importe au final, la couleur de leur poil.
Un autre jour, une autre chasse, la proie s’enfuit, plus massive, plus forte. Nous ne pouvons plus faire la fine bouche, maintenant que les jours sont courts, et froides les nuits. Le cerf s’échappe, et son pas lourd, marque la neige profonde sans révéler pour autant le tapis d’herbe et de feuilles. L’ai-je rêvé ? Je ne sais pas. Toujours reviennent les beaux jours, ou l’ai-je rêvé, cela aussi ? Qu’importe. Nous courrons la proie s’échappe. La fatigue dans mes muscles, mes articulations raides, le froid mordant à ma poitrine, je chasse tout cela, pour mieux chasser ma proie. La Dame s’élance, plus rapide que moi, plus rapide que nous tous, saisit à la gorge le cerf majestueux, et déjà lui dessine un collier sanglant. Et nous les rejoignons, courrant d’autant plus vite, que la proie est acculée, et notre repas presque acquis. Je fonds sur son flanc. Le Dominant s’élance, mais un sabot le cueille, furieux et ultime revanche, du malchanceux animal, qui déjà s’effondre, sous mes coups et ceux de mes frères et sœurs.
Il ne vit plus. Et n’osez pas me faire l’affront de croire que je parle de ma proie. Une proie est une proie, elle ne peut que mourir. Ou parfois s’échapper. Mais on ne parle pas non plus de la proie qui s’échappe. Mais Lui. Sa fin, comment l’admettre ? La chose est tellement improbable, brutale et irrévocable qu’un long silence, troublé simplement par les souffles haletants de la meute, s’installe. La Dame, plus vive ou plus courageuse que nous peut-être, comprend. Et malgré la proie sous ses griffes, elle se lève et va renifler la dépouille. Elle hurle. Et nous hurlons. Mort et désolation. Car est mort le plus grand d’entre nous.
La Dame mange. Et nous la regardons manger. Une fois de plus je m’avance. Aussitôt je m’arrête, voyant que la Dame se retourne, ses yeux d’or me transperçant de part en part. Elle se retourne et se remet à manger. Elle n’en a que faire, cela ne la concerne pas, c’est affaire de loups, non de louves. Mes compagnons me regardent. L’un d’eux s’avance. Je fais un pas vers lui, il s’aplatit, réclamant ma clémence. Un autre, je le fais reculer. Tous ils s’inclinent. La Dame a terminé, elle me regarde, l’éclat de l’amusement brillant dans ses yeux d’or.
Je mange, et mes frères me regardent. Attendent. Comme je l’ai fait tant et tant de fois, avant eux. Je me retire et ils s’avancent.
Je rattrape la Dame. Là-haut sur la butte, à l’abri d’un tronc tombé depuis deux ans déjà, nous surveillons, elle et moi, notre territoire. Et de temps à autres, elle accorde un regard, à la meute en contrebas. Tandis que je ne peux en détacher les yeux. Je suis encore, frappé par notre perte. La Dame, non. Elle a déjà vu mourir d’autres de ses compagnons.
J’aperçois ma sœur, au pelage fauve, et je dévale la pente, oubliant un instant, la Dame aux yeux d’or. Je m’avance vers elle, et elle ne fuit pas. Mais mon cœur se brise en la voyant s’aplatir devant moi, un fin gémissement de terreur, sortant de sa gorge gelée. Me voulant rassurant, je lèche son pelage brun. Lentement se relève, ma sœur d’autres temps. Et surgit sur son flanc la Dame courroucée. Grondant vers l’importune, qui ose briguer son rang. Et la louve de nouveau, devant la Dame s’incline. La Dame la laisse aller, mais la rage ne meurt pas, elle brille même, éclatante et tenace, au fond de ses yeux d’or.
Me tournant vers elle je proteste, et elle n’écoute pas. Affaire de louves où mon avis compte pour si peu. Ou pour rien. Un grand loup noir s’avance. Repu et sûr de lui. Bien qu’il se soit incliné, il est sûr désormais, c’est ma place qu’il convoite. Je ne fléchis pas. Lui non plus. Il gronde. Je montre les dents. Il me mord à l’oreille, mes griffes taillent son ventre. Nous tournoyons lui et moi, éclaboussant de neige, la meute qui nous observe. Et finalement il se soumet. Je lèche sa plaie et tout est dit. J’ai gagné. Je suis le Dominant.
Mais personne n’apaise la douleur du Dominant. Ma Dame s’y essaye, maintes fois je la repousse. Il lui faudra, je le crains toute une nuit de patience pour nettoyer le sang de mon oreille. Son regard apaisant, presque plaintif me trouble plus que tout. Nous voilà tous deux au-dessus de la meute. Et pourtant nulle joie, nulle paix en cela. Elle sait mieux que moi, que nous avons perdu. Que le prix à payer, pour rester au sommet, trop chèrement se paye. Qu’aux aléas du sort, et aux griffes de la meute, nous cèderont un jour. Qu’au mieux nous nous inclineront, reprenant notre place d’ombre parmi les ombres. Et qu’au pire, la mort nous prendra, sûrement, lentement, des blessures de nos frères, de cette jalousie qui trouve patiemment le chemin de leur cœur. Qui voudront notre place, et d’une égratignure, et d’autres, jour après jour, scelleront, sans pitié notre fin. La Dame sait cela. Et c’est pour cela sans doute, qu’elle cherche tant à lécher mon oreille ensanglantée. Et tandis que je cède un instant, à son incessante demande, j’ai envie, de lui demander pourquoi. J’ai perdu ma sœur de cœur, et mes frères et mes sœurs, si lointains qu’ils me sont désormais. Ils fomentent contre moi, rêvent du jour de ma perte, aspirent à être moi. J’entretenais un rêve et il s’est effondré. Je chassais une chimère, et venimeuse est sa chair sous mes crocs.
Pourquoi ? Pourquoi tout cela ? Pour être au-dessus des autres, perchés au sommet de notre territoire ? Pourquoi m’aider si elle sait que je risque de mourir tôt ou tard, et plus sûrement tôt que tard ?
La Dame s’arrête et se dresse sur ses pattes, comme si mon agitation intérieure, la dérangeait tout autant que mes coups de museau. Et dans la tendresse infinie de ses yeux, aux iris veinés d’or, je trouve ma réponse. Pour que coure sur la neige, la meute à tout jamais, plus tenace et plus forte, unie sous un seul règne, sous le regard clément de loups fauves aux yeux d’or.
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| | | Sterne arctique
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| Sujet: Re: Sterne arctique Dim 20 Juil - 0:24 | |
| Mais si jamais vous avez du temps à perdre, lisez celui-là, il est un peu plus représentatif de ce que j'écris... En fait par certains aspects, l'ambiance ressemble un peu à celle d'un de mes débuts de livre. (Et désolée de poster des nouvelles que j'ai fait pour un autre forum mais je n'écris à la base jamais de nouvelles, je m'y suis mise dans l'espoir de m'améliorer en écriture^^" A moins de considérer le rp comme une sorte de nouvelle ) - Spoiler:
***Un monde sous l’eau***
Il fut un temps, où l’imprudence se payait plus chèrement que de raison.
*1.Frontière des mondes*
Tenant fermement sa pique, Alyin scrutait les eaux agitées. Habituée au balancement régulier de sa barque, elle ne se laissait pas distraire, s’autorisant seulement de rares et furtifs regards, pour surveiller son turbulent petit frère. Edyis, pour ce qu’elle en avait compris essayait de battre les vagues à la course, et lorsqu’il perdait, ce qui ne manquait pas d’arriver, il frappait furieusement les flots de sa pique, dans des gerbes d’écume bouillonnante. Alyin avait renoncé à le sermonner sans cesse, c’était sa vengeance secrète du fait qu’on lui confia son frère. D’autres, mêmes plus jeunes que lui, se rendaient à la pêche sans que cela ne choqua quiconque. Mais ces autres là pêchaient, tandis qu’Edyis n’était bon qu’à effrayer le poisson. Pourtant quand il s’en donnait la peine, il avait l’œil pour repérer sa proie, et l’adresse pour l’épingler. Il ne lui manquait que la patience de l’attendre. Tout l’étonnait, le fascinait, il n’avait aucune concentration. Il avait déjà laissé plus d’un poisson lui filer entre les doigts, émerveillé par le chatoiement de ses écailles. S’ils avaient tous été comme lui, il leur aurait fallu adopter un régime de coquillages de coraux, de sable et d’air du temps. Car une chose aussi triviale que de devoir manger ne trouvait pas grâce aux yeux d’Edyis. Alyin, elle, s’était fait une raison. Son frère effrayait ses proies, mais il en restait toujours une, égarée, ou assez affolée pour choisir la mauvaise direction. Celle-là n’avait jamais de seconde chance. Alyin maîtrisait ses gestes et même si ses cousins raillaient son panier à demi-vide, accusant sa féminité d’être cause de sa maladresse, elle ne le ramenait qu’au prix de son exceptionnelle patience. Dans le sourire reconnaissant et le regard fier de sa mère, elle trouvait le réconfort nécessaire pour endurer sans broncher ces moqueries. Elle était consciente qu’aucun de ses cousins ne supporterait jamais de se voir confier la mission de surveiller Edyis, qui aurait du être en âge d’assumer ses bêtises, et que bientôt, elle serait mariée et appelée à d’autres tâches. Les bras ankylosés, les yeux rivés sur les vagues, à la fois immuables et sans cesse changeantes, elle aperçut sa proie, un fin poisson allongé, aux écailles miroitantes sous le soleil matinal, serpentant à vive allure à seulement un bras de la surface. « Alyin, Alyin, regarde ! » Alyin ajusta silencieusement son coup, s’apprêtant à frapper. Règle d’or pour pêcher avec Edyis, pêcher d’abord, l’écouter ensuite, ou mieux encore, ne pas l’écouter. Crispée sur sa pique, elle s’obligeait à attendre le moment idéal. Le trait meurtrier jamais ne s’abattit. Sa barque eut une brusque embardée, et elle n’en rétablit l’équilibre qu’au prix de grands efforts. Elle jura. Et fut d’autant plus furieuse lorsqu’elle vit qu’Edyis s’était appuyé sur sa barque, causant sa folle agitation. La honte et le remord n’avaient jamais trouvé leur route dans les méandres de l’esprit du jeune garçon, et c’est sur le ton le plus naturel du monde, qu’il s’exclama, sans adresser un regard à sa sœur, focalisé qu’il était sur l’eau qu’il pointait de sa rame : « Là ! Il y a quelque chose qui brille ! » La seule chose qui brillait, du point de vu d’Alyin, était la fascination dans les yeux du garçon. Elle se ressaisit, peut-être s’agirait-il d’un autre poisson ? Cela apaiserait sa déception d’avoir manqué le précédent. Elle se pencha légèrement, scrutant les eaux troubles. « Il n’y a rien ! s’énerva-t-elle. -Si ! Là ! Regarde ! » insista Edyis. Et Alyin distingua enfin ce qu’avait vu Edyis. Dans l’eau, avançant au rythme régulier des vagues, scintillait… elle ne savait trop quoi. Une pierre aurait coulé. Et les écailles d’un poisson présentées de multiples éclats d’or et non cette orpheline lanterne. Elle plongea la main dans la mer pour s’en saisir. Elle aurait presque pu l’avoir, il lui manquait à peine quelques centimètres… Elle tendit le bras au maximum, se risquant à plonger son coude dans l’eau, et de ses doigts effilés tenta de s’emparer de l’étrange petite étoile. Elle y était presque. Elle se pencha encore, oubliant la prudence… et la barque bascula. Alyin sombra, dans les eaux trompeuses et tièdes de cette mer nonchalante. Elle disparut, emportée par les indolents et paresseux remous, qui patiemment avaient attendu le moment de sa chute. A peine entendit-elle Edyis crier son nom. La voix claire et vive du garçon lui sembla grave et sombre, pareille au son du glas. Et d’Alyin, ne demeura plus sous le ciel qu’une barque retournée, frêle coquille abandonnée, dépossédée de son fruit. Augure aussi limpide qu’un corps sans vie. Avidement, Edyis, se jeta sur l’embarcation pour la rétablir, avec l’espoir enfantin qu’il trouverait sa sœur en dessous, riant de son désarroi, lui adressant une parole rassurante et reprenant sa chasse. Mais d’Alyin nulle trace. Il ne la retrouverait pas. Remettre d’aplomb la barque, avait été aussi vain et dément que d’espérer trouver une perle dans les mâchoires de l’huître. Et les flots continuaient, dans une indécente langueur, leur paisible danse assassine. Alyin aurait peut-être perçu une triste litanie dans le murmure des vagues. Mais le cœur gelé, comme si ce coup du sort lui avait ôté toute chaleur, Edyis n’y entendait que des ricanements étouffés. Il arrima les deux barques, et s’emparant de sa pique, scruta les eaux. La mer jamais ne rendait ceux qu’elle emportait. Elle les envoyait simplement mourir au large.
*2. Jeux de lumière*
Alyin s’éveilla, comme on s’éveille d’un songe. En sursaut. Elle avait perdu connaissance et elle était toujours sans l’eau, un froid rocher plat ayant manifestement stoppé sa chute. Elle s’affola. Il fallait qu’elle remonte à la surface, et vite ! Elle ne s’expliquait pas pouvoir être encore en vie, mais elle ne voyait pas là une raison suffisante pour ne pas lutter. Se redressant, elle prit appui sur ce que, l’obscurité lui masquant tout indice, elle se voyait contrainte d’appeler stupidement sol, poussa de toutes ses forces, et battant des pieds et des mains, se propulsa vers le haut. Cela lui parut plus difficile qu’à l’accoutumée. Elle ne distinguait aucune lumière. Pas même l’éclat d’aigue-marine et de turquoise des eaux sous le soleil. Peut-être la nuit était-elle tombée ? Elle oublia aussitôt cette idée démente, cela revenait par trop à ses yeux à accréditer sa propre mort. Dans sa lutte effrénée contre l’emprise des flots, pareille à celle d’un oiseau éperdu qui voudrait fuir le ciel, elle heurta violemment ce qu’elle identifia comme un énorme rocher, aux formes délicates et polies par les flots. Le choc lui vrilla les tempes, et paradoxalement, si elle n’avait pas déjà manqué d’air depuis ce qui lui semblait désormais des lustres, elle se serait sans doute noyé. « Es-tu stupide ou suicidaire ? » Alyin mit un certain temps à identifier la provenance de cette voix lointaine, où se mêlaient irritation, indignation, et consternation. Dans un éclat blafard, elle s’aperçut avec stupeur qu’une femme agacée, la tête ceinte d’une abondante chevelure rousse qui s’éparpillait gracieusement, la fixait de ses petits yeux perçants, pareils à deux topazes bleus. Dans sa torpeur, elle avait presque regagné le sol. L’impatience plissa le front de l’inconnue. Elle la gratifia d’un regard méprisant, jugeant manifestement l’absence de réponse d’Alyin assez éloquente. Alyin aurait volontiers précisé que la noyade n’était pas réputée pour ses bienfaits. Mais elle ne trouvait pas ses mots, subjuguée par l’étrange pierre que tenait la femme. Il s’agissait d’un éclat de roche grossier, mais recouvert d’une mousse fine aux teintes d’opales qui baignait la pièce de lumière. « Es-tu muette ? » demanda finalement la femme, en arquant un sourcil. Elle n’avait pas, malgré sa dureté, l’habitude de se livrer à des conclusions hâtives. Alyin se retint de nier en secouant la tête. « Non… J’essayais de regagner la surface. » Ses propres mots l’étonnèrent. Elle s’était attendue à suffoquer, se noyer. Mais elle devait bien l’admettre, il n’y avait plus d’air dans ses poumons. « Tu es donc stupide. Tu ne seras pas libre de partir, tant qu’ils n’auront pas statué sur ton sort. -Comment se fait-il que… commença Alyin, les questions se bousculant dans son esprit. -Paix. Nous n’avons que peu de temps. Il faut que tu te prépares. -Me préparer ? -Dans leurs étranges caprices, les rois de Ranheim ont décidé qu’ils voulaient te voir avant de rendre leur jugement, expliqua-t-elle avec ce qui s’apparenta à un soupir, sauf que l’eau sortait de sa bouche en s’écoulant placidement et sans un bruit. Et la vue de tes haillons ne pourrait que les offenser. Mais de cela, ne t’inquiète pas, car c’est à ce dessein qu’il m’a envoyé. » Et tout en parlant, la femme s’affairait, elle disposa la pierre de lumière dans une sorte de vase comportant de nombreuses ouvertures aux formes torturées, et l’obscurité de la pièce se trouva dévorée, morcelée, par l’ardente lueur blanche. De forme globalement ovoïde, ses murs étaient de la même roche polie sur laquelle elle avait tenté de s’ouvrir le crâne. La seule sortie était une grande ouverture sombre, semblable à une bouche de l’enfer ouverte sur le néant. Il n’y avait là ni porte, ni meubles, juste une énorme malle aux attaches rouillées dans laquelle farfouillait la femme. Au final elle avait l’impression d’avoir atterri dans une anfractuosité d’un immense rocher, rongé par la mer au fil des ans. La femme lui fourra une robe rouge somptueuse entre les mains. Alyin n’avait jamais vu d’habits de soie ou de satin, mais elle aurait juré qu’aucun des deux matériaux n’avait cette finesse. Mais avant qu’elle ait pu contempler ce trésor tout son saoul, la femme se ravisa, lui arracha des mains, et lui donna sans plus de ménagement une robe turquoise. Ornée de perles et brodée de fil d’or, elle se trouva fort embêtée par cette robe aux splendides motifs. Alors qu’elle s’apprêtait à lui poser une question, un regard venimeux de la femme l’en dissuada, et elle resta les bras ballants, avec au bout de ses doigts pendant négligemment la gracieuse étoffe. La femme hésita, puis lui reprit et lui donna à la place une robe noire. Elle n’avait rien de sobre, et n’aurait aucunement convenu à un enterrement, à moins que la mort du défunt soit sujet à réjouissance exacerbée et étalage de raffinement. Alyin n’aurait su dénombrer le nombre de teintes de noir de la robe. Et bizarrement au lieu de jurer cruellement, elles se mêlaient dans d’harmonieuses arabesques et d’étranges dessins de dentelles. Elle adressa un regard implorant à la femme, trop de questions lui brûlaient les lèvres. Excédée, la femme lâcha brusquement. « Mirka est mon nom. Ainsi que toi, mes ancêtres n’étaient pas uniquement les enfants des Hommes, sans quoi la mer aurait ravi nos vies à toutes deux. Enfants de Ran nous sommes mais ceux-là ne peuvent quitter la mer. Je suis ici servante. Un jour je serai de nouveau mon propre maître. Mets cette robe. » Alyin obtempéra et réalisa qu’elle ne trouvait pas dans l’eau la même grâce et la même habileté que sur terre. Elle s’empêtrait dans sa chemise de lin, son pantalon de toile était raidi par le sel. Mirka avait poliment détourné les yeux, rangeant la malle, mais elle ne tarda pas à lui porter secours. Une fois vêtue, Mirka lui présenta un miroir d’argent, et peu familière de tels objets, Alyin eut grand peine à s’y reconnaître. Normalement hâlée par le soleil d’été, sa peau apparaissait diaphane, sous la lumière blanchâtre des étranges champignons. La robe d’un noir profond, renforçait sa pâleur. Son visage fin et anguleux, aux joues légèrement creusées, ses cheveux blonds en volutes désordonnées, tout ce qui aurait pu lui être familier, achevait au contraire de lui donner l’allure d’un spectre. Et ses yeux bruns sombres et sévères n’arrangeaient rien au tableau qu’elle offrait. Malgré cela, Mirka eut un sourire appréciateur, et elle conclut qu’elle jugeait également que la robe lui allait bien. Elle était d’une effroyable splendeur. De la beauté des pièges évidents où l’on s’avance en sachant que le prix s’avérera trop cher à payer. La perplexité et la fragilité qu’Alyin éprouvait et affichait, à être là, loin des siens, perdue pour jamais sous les flots, lui octroyait le bénéfice indécent de l’innocence, sous le sourire meurtrier de la mante. Recoiffée, les yeux fardés de noir, et les ongles peints d’un blanc plus pur encore que l’arrogante lumière. Avec une timidité qui tranchait profondément avec sa mise de grande dame, Alyin se risqua à croiser le regard de Mirka, qui une fois de plus répondit sans attendre la question : « De ton sort ils décideront. Le reste, il importe peu que tu le saches ou non. -Douce et délicate Mirka, tu ne voudrais pas teinter des affres de l’effroi ses derniers instants ? » railla un homme qui venait de faire irruption dans leur grotte. Alyin sursauta. Les sons lui paraissaient toujours distants, comme s’ils s’étaient perdus en d’inutiles détours avant de lui parvenir, et de ce fait, elle ne se rendit compte de la présence de l’homme que lorsqu’il fut à moins d’un mètre d’elles. Il sembla à Alyin, que l’ironie grinçante de sa voix ne concordait pas avec la douce espièglerie qu’elle lisait dans ses yeux pourpres. Le regard de l’homme se posa sur Mirka qui aussitôt baissa les yeux. Alyin ne put s’empêcher de remarquer, que les deux derniers doigts de ses mains ne s’étaient jamais dissociés, que ses ongles d’une blancheur d’os à nu étaient aussi longs que son pouce, et que d’étranges écailles translucides couvrait le dos de ses mains. Elle ne trouva nulle autre différence dans le reste de sa personne. De stature impressionnante, sa chevelure noire lâchée derrière lui comme une bannière au vent, ainsi que son impressionnant manteau gris, lui donnait l’allure menaçante d’un oiseau de proie aux aguets. Il se fendit d’un sourire étincelant et carnassier. Mais lorsqu’il se tourna vers Alyin, il n’eut plus qu’un rictus sinistre, et la jeune femme eut l’impression de lui avoir profondément déplu. Elle avait sans doute rougi de honte de l’avoir dévisagé de la sorte, mais sans doute n’était pas cela. Même le sang qui battait dans ses artères ne pouvait que s’effacer sous de si blanches lumières. « Qu’elle nous rejoigne lorsqu’elle sera prête. » lâcha-t-il froidement, avant de quitter les lieux d’un pas leste, comme s’il y avait rencontré une vive contrariété. Mirka lui donna l’impression de se remettre à vivre, comme une sorte de pantin ensorcelé. « Ne les fais pas attendre. Un autre que moi te guidera. Mais souviens-toi, s’ils t’épargnent, prend garde à tes paroles » Et, lui agrippant le bras, comme si subitement, elle craignait de ne plus jamais la revoir, Mirka récita : « Des trois rois qui règnent sur Ranheim, le premier veut le trépas pour les enfants des hommes, un autre, leur salut, le dernier les veut libre, sans condition aucune. Je ne peux te dire qui ils sont, je n’en ai pas le droit. »
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| | | Sterne arctique
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| Sujet: Re: Sterne arctique Dim 20 Juil - 0:25 | |
| J'aime les triples postes xD La suite! - Spoiler:
*3. Le jugement*
Maladroite fut l’entrée d’Alyin dans l’imposante salle du trône. Son cœur cognait dans sa poitrine tandis qu’elle s’efforçait de rester digne, sous le poids des regards pesants et hostiles de la triple cour de Ranheim. De taille prodigieuse, les murs percés de larges ouvertures –ne laissant par ailleurs apercevoir que les flots ténébreux- s’achevaient si haut que le sommet de la salle se perdait dans l’obscurité. Sculptés avec minutie, ils contaient une histoire qu’Alyin ne comprenait pas, dans un foisonnement d’écailles, de tentacules et de nageoires, le tout couvert d’or, que le temps effaçait lentement laissant affleurer la pierre en de trop nombreux endroits. Le sol même de la salle n’était pas en reste. Il scintillait en formant de curieux symboles, et Alyin aurait juré –bien que se baisser pour vérifier ait sûrement été jugé comme la pire des impolitesses- qu’il s’agissait là du même phénomène que ce qui faisait briller la pierre de Mirka. De ce qu’elle avait vu, c’était le moyen le plus commode des habitants de Ranheim pour s’éclairer. Cette lueur trop vive et trop blanche n’était pour autant pas comparable à l’étoile d’or qui l’avait conduite ici. Alyin gardait les yeux légèrement baissés. Autant pour éviter d’affronter les courtisans de Ran, que pour s’assurer qu’elle ne s’empêtrait pas les pieds dans le tapis d’or qui drapait le sol. Ce qui aurait été à n’en point douter du plus mauvais effet. La traversée de la salle lui parut interminable et elle ne pouvait l’imputer uniquement à ses dimensions. Dans un silence oppressant, Alyin s’inclina devant les monarques, et espéra qu’ils ne lui tiendraient pas rigueur d’avoir dû battre des bras pour ne pas s’affaler. Le premier roi à sa gauche, s’appelait Sindelyn. Le guide auquel l’avait confié Mirka, lui avait donné leurs noms, mais à son insistance, n’avait répondu qu’en répétant les propos nébuleux de la servante sur les opinions divergentes des monarques. Le roi, nonchalamment assis sur un trône de nacre, l’observait d’un œil intrigué. Curiosité que partageaient à ses côtés un dauphin agité, que devoir rester calme contrariait fortement et une raie qui remuait paresseusement ses nageoires. Vêtu de blanc, ses cheveux blonds retenu par une couronne d’argent incrustée de perles, il ne lui paraissait pas menaçant. Mais elle sentait aussi qu’il voyait sa venue comme une sorte de divertissement. Le deuxième roi était une reine. Affichant une moue dédaigneuse, Anetcka siégeait sur un trône de marbre habillé de velours et de soierie écarlates. Sur sa fière chevelure brune, se dressait un diadème orangé, rappelant la carapace des crabes, orné de grenats, et servant de cachette à une petite anémone, dont les filaments venimeux s’emmêlaient placidement. Sa robe était d’écailles rouges –sans qu’Alyin ne put distinguer s’il s’agissait d’un habit ou de son corps véritable- rehaussée de pics d’oursin et de corail. A sa droite se coulait une anguille et à sa droite s’emmêlaient trois murènes, mais leurs bouches monstrueuses n’étaient rien à côté du regard de braise ardente que posait leur reine sur Alyin. Alyin détourna aussitôt les yeux, par crainte de se consumer si elle soutenait trop longtemps son regard. Elle reconnut aussitôt le troisième roi, il s’agissait d’Aegyr, l’homme qui avait réclamé sa venue. Qu’il se soit déplacé en personne, elle ne l’expliquait que difficilement, d’autant plus que désormais, il ne lui accordait aucune attention. Assis sur un trône de roche, sculpté admirablement mais couvert par endroits d’algues et de coquillages, il râpait distraitement la pierre de ses longs ongles d’albâtre, et la simple idée du son abominable que cela pouvait produire donnait à Alyin l’envie de gémir, et elle dut se retenir de ne pas porter préventivement les mains à ses oreilles. De part et d’autre de son siège, veillaient deux horribles poissons abyssaux, aveugles, armés de crocs comme autant de dagues effilées et avides, leur trompe portant sans fléchir une douce lanterne. Alyin frémit à l’idée que ce leurre effroyable ait pu être celui qui l’avait mené là. Plus frêle que jamais, au milieu de cette assemblée respirant l’assurance, l’arrogance et l’insolence, elle sauvait de son mieux les apparences –ce qui, vu comme l’eau la rendait gauche consistait à rester immobile et lui donnait l’allure d’une statue d’ivoire et d’obsidienne-, sans pouvoir ôter de son esprit le sentiment que personne n’en était dupe. Que les mots ne leur soient que des jouets trop futiles pour que les trois souverains en usent entre eux, ou si cela n’était qu’une mise en scène habilement préparée, elle ne put trancher. Mais sans qu’ils aient échangé ne serait-ce que l’ombre d’un regard, leur reine rendit le verdict. Plongea froidement ses yeux flamboyants dans ceux d’Alyin, prononça à haute et intelligible voix la sentence. Sans prendre pour autant la peine de l’empreindre de gravité, comme si la vie d’Alyin, au marché de la cour de Ranheim, avait à peine plus de valeur que la viande avariée. C’est seulement à cet instant qu’elle s’avisa qu’ils s’exprimaient dans une langue qui lui était complètement inconnue. Elle se sentit défaillir.
*4. Réception abyssale*
« Vous avez été très chanceuse ce jour là, Alyin. Si elle avait été moins prétentieuse et plus observatrice, Anetcka n’aurait certainement pas confondu votre effondrement avec une révérence », déclara Aegyr en offrant un verre à Alyin. A son grand soulagement, il s’agissait d’un verre « normal », comme elle en avait l’habitude –au détail près qu’elle n’avait jamais bu dans des verres en cristal ciselés-, et non de ces étranges verres tarabiscotés, qui, têtes en bas, gardaient d’étranges breuvages de densité moindre. Depuis des mois qu’elle résidait à Ranheim, elle n’avait toujours pas compris comment on pouvait y boire convenablement. Boire dans un verre normal, était déjà le fruit d’une soirée d’efforts laborieux. Le roi, qui semblait par ailleurs toujours contrarié de la voir arriver, ne cessait pour autant de la mander à ses fêtes privées. Loin d’être modestes ou de réunir un comité restreint, il se contentait de ne pas y convier les deux autres monarques et leur encombrante suite. Alyin, habillée par les soins et savants conseils de Mirka, ne manquait pas de s’y présenter, et de se montrer courtoise. On murmurait qu’elle devait à Aegyr, sa grâce et son salut, et que s’il continuait à suivre ses délirants desseins, viendrait un jour qui la verrait le prendre pour époux –car nul ne considérait que l’avis d’Alyin importait en cela. Loin de porter grief à son bienfaiteur, d’être en vie et non servante, elle craignait et fuyait autant que possible sa compagnie. Car à ses oreilles toujours, raisonnaient à l’infini l’avertissement du bas peuple de Ran, que répétait aussi les courtisans à mi-voix. Et Aegyr, qui toujours posait sur elle ce regard si cruel et se comportait avec Mirka d’une manière que seul son rang interdisait de qualifier d’odieuse, ne pouvait être que le roi qui voulait asservir les enfants des Hommes. Dans le meilleur des cas. Et l’idée d’épouser un tel être lui procurait quelques contrariétés. Elle prit donc congé à la première occasion convenable, et, sous le regard peiné du roi, elle s’éclipsa, tel un timide et capricieux soleil de printemps.
*5. Silence éloquent et mots trompeurs*
Alyin ne pleurait pas. Elle n’était pas triste mais effrayée. Incapable d’esquisser le moindre geste, elle restait prostrée sur son lit, en tremblant fébrilement, certaine que pour une fois, les pierres brillantes la faisaient apparaître aussi pâle qu’elle était réellement. Elle se sentait anéantie. Comme si, emportée dans une longue chute, elle ne s’avisait qu’à cet instant fatidique, de la présence du sol quelques mètres plus bas, de l’impact meurtrier, de l’absence d’échappatoire. Elle épouserait Aegyr ainsi qu’il le voulait. Peut-être arriverait-elle à l’influencer et à épargner son peuple demi-sang? Mais désormais que se jouaient ses jours, Alyin était plus que jamais encline à l’égoïsme, et se répétait sans cesse, que même sa mère qui rêvait de la voir faire un beau mariage n’aurait pas donné sa bénédiction à cette union. La mer avait ravi d’autres vies avant elle à sa famille, et au fil des mois, elle avait retrouvé la trace dans des archives d’algues marquées d’encre de noms aux consonances familières. Elle ne pouvait pas épouser sciemment un meurtrier, fut-il roi. Aegyr fit irruption dans la pièce, et Alyin bondit tant son affolement lui avait mis les nerfs à vif, sa robe rouge virevoltant en cadence. Loin de lui épargner son dégoût habituel, il parut visiblement courroucé de la voir. Avant même qu’Alyin eut le temps de lui cracher qu’elle n’épouserait pas un homme pour qui sa simple vue semblait être une torture, Aegyr rugit. Ou peut-être parla-t-il en même temps qu’elle, mais sa voix, amplifié par la colère couvrit alors sans peine les doléances d’Alyin. « Comment oses-tu ? Comment peux-tu te permettre de porter ces vêtements ? » Alyin, par réflexe, baissa les yeux sur la longue robe grenat que lui avait donnée Mirka, la même qu’elle lui avait repris des mains le jour de son jugement. Et dans les plis voluptueux et le déploiement gracieux des rubans écarlates, elle ne trouva rien qui pût justifier le courroux du roi. Son incompréhension dut se lire sur son visage, car il se calma aussitôt, telle une soudaine éclaircie après un orage fugace. Et elle vit sa souffrance. Il gardait en lui, l’image de deux femmes qu’il avait un jour aimé. Et ne voulait pas les confondre. L’autre ne méritait pas l’oubli, elle garderait à jamais, un sanctuaire dans son esprit. Elle comprit finalement qu’il avait en réalité dit « Comment peux-tu te permettre de porter ses vêtements ? » En proie à un profond malaise, Alyin retira la robe et Aegyr se détourna. Elle ne prononça pas le nom de Mirka. Il ne parla pas du départ sans retour de Ran, qui, qu’elle vive ou non, était morte pour eux tous. Elle ne parla pas de ceux qu’elle avait perdus. Ni lui, ni elle, ne prononcèrent d’excuses. Il ne lui dit pas qu’il l’aimait. Elle ne lui dit pas qu’elle ne savait plus quoi penser. Il finit par rompre le silence, comme à regret et lâcha : « Je ne veux pas imposer ton choix. Mais j’ai un honneur à défendre. Je te laisse une chance de m’épouser et une chance de fuir. Vaste est la mer, et clémente pour Ran et les siens. Tu peux aussi partir d’ici, mais pour cela, il faudrait le vouloir plus qu’il ne t’est possible. » Et il partit, allant trouver Mirka. Et elle resta troublée et peinée, pour avoir brisé le fil de ses dialogues informulés, par l’étrange destin de Ran, par sa liberté qu’on lui rendait, par l’étrangeté même de Ranheim.
*6. L’appel du large*
Perchée sur le toit de la plus haute tour de Ranheim, Alyin se sentait libre. Le soleil se levait et baignait de lumière les eaux troubles et agitées. Ce spectacle là, elle l’avait tant vu qu’il ne l’étonnait plus. Cependant, maintenant qu’elle en voyait l’envers du décor, il lui semblait qu’elle le contemplait pour la première fois. Sur la pointe des pieds, bras et doigts tendus, elle pouvait percer la surface de ce monde, et sentir la morsure du vent sur ses doigts. En un instant sa décision fut prise, elle s’élança, et émergea. Vidant autant que possible l’eau de ses poumons, ouvrant avec peine ses yeux sur son ancien monde. Peinant, toussant, s’asphyxiant à demi. Ses yeux la piquaient terriblement. A des mètres de là voguait la barque d’Edyis, c’était une certitude. Son cœur se réjouit, battant la chamade, comme autant de tambours entonnant la danse de la victoire. Bientôt elle serrerait dans ses bras tous ceux qui lui étaient chers, leur parlerait de cet étrange monde. Ou ne leur parlerait pas de ce monde du tout. C’était dangereux, et s’ils désiraient y aller ? Que cette idée la tracasse tandis qu’elle bataillait pour reprendre son souffle et rester hors de l’eau, la troubla profondément. Edyis ne pourrait pas rester intéressant devant de telles merveilles. Elle en rit, imaginant les yeux brillants de curiosité de son frère, et s’étouffa à demi par l’eau qu’elle voulait fuir. Ses forces faiblissaient. Elle luttait dans un sens et les flots dans l’autre. Sa mère, ses cousins, son frère. C’était là qu’était sa place. Mais à chaque battement de ses mains, de ses pieds, les flots inexorablement l’emmenait vers le large. Impuissante elle se laissa sombrer. Offrit de nouveau son corps à la mer. Et les flots l’accueillirent, telle une fidèle amie de longue date. Pour partir d’ici, il faudrait le vouloir plus qu’il ne t’est possible. Elle était fille de Ran, la mer était son ciel, les abysses sa demeure. Les larmes lui montèrent aux yeux. Pour les siens qu’elle ne reverrait jamais plus. Et de soulagement aussi, bien qu’elle en eut honte, à l’idée qu’elle ne quitterait pas Ranheim. Sa mère aurait-elle jamais vent de ses noces ? Idée futile. Alyin était morte pour eux, désormais, autant que Ran à ses enfants. A son grand étonnement, ses larmes avaient pris forme et glissait sur ses joues. Elle les balaya en riant d’un revers de la main. A son grand étonnement elle les vit filer emportées par la mer, fines gouttes diaphanes, aux éclats d’or sous le soleil. Elle frémit de stupeur, reconnaissant ce singulier spectacle. Et, par l’arrogance de Ranheim, non sans quelques remords, elle faillit à s’en attrister.
Voilà j'ai plus rien à ajouter xD PS : Si si je suis bien une sterne et pas une pie xD ^^ | |
| | | Fauve noir
Nombre de messages : 122 Date d'inscription : 19/07/2008
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| Sujet: Re: Sterne arctique Dim 20 Juil - 0:41 | |
| Bienvenue on the forum. ^^ | |
| | | Sterne arctique
Nombre de messages : 72 Date d'inscription : 19/07/2008
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| Sujet: Re: Sterne arctique Dim 20 Juil - 0:45 | |
| Merci nice black and wild beast^^ | |
| | | Zeus
Nombre de messages : 343 Age : 32 Localisation : Franceuh ^^ Emploi/loisirs : Equitation, déssin, lire, écrire, sortir, ordi, forums RPG, Doctor Who, Docteur House et d'autre ^^ Humeur : Tu connais la baffe qui tue ?? Date d'inscription : 19/07/2008
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| Sujet: Re: Sterne arctique Dim 20 Juil - 9:53 | |
| Elite ou Pro ???
C'est agréable à lire, quoi que... Etrange parfois mdrrrr!
Peu de fautes, voire pas (j'ai pas tout lu xDD)
Pourquoi 3 posts ? Ca rentrait dans un.... non ??
Je suis désolée, tu devras attendre, je n'arrive pas à me décider...
jadambre ??
P.S: Bienvenuuuue ^^ | |
| | | Zesty Senshi Admine Citron Anarchiste. Parchemin avec Mention.
Nombre de messages : 155 Age : 27 Localisation : Huhu, je le dis pas à mes amis d'Internet, c'est sûrement pas toi qui le saura x] Emploi/loisirs : Ecrire ? Humeur : Misanthrope, comme d'hab' Date d'inscription : 19/07/2008
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| Sujet: Re: Sterne arctique Dim 20 Juil - 9:54 | |
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| Sujet: Re: Sterne arctique | |
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| | | | Sterne arctique | |
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